photographys
Lettre à Arandon
France, 2023
Lettre à Arandon
21x29,7 cm
papier canson 160gr
impression jet d’encre, NB
Arandon, petit village du Nord-Isère est le théâtre d’une amnésie collective. Les Usines Barron-Vialle, constructeur automobile Lyonnais s’installe en 1929 sur les bords des étangs de Serre pour produire des camions et des autocars. Mr Vialle devient maire d’Arandon et cesse ses activités industrielles en 1937. Dès le 12 juillet 1939, Vialle met à disposition ses usines pour interner 1300 républicains espagnols, principalement des familles dans un premier temps. À partir d’octobre 1939 le gouvernement français se sert des usines Vialle pour enfermer des juifs Allemands et Autrichiens fuyant le régime Nazie. David Vogel, poète juif autrichien sera interné dans le camp avant d’être assassiné à Auschwitz le 10 mars 1944. À la fin de la guerre les documents relatant les événements et la chronologie des usines Vialle entre 1940 et 1945 seront détruits.
La ré-industrialisation des usines dès 1946 par des fonderies d’aluminium et de fonte et ce jusqu’en 1993 vont participer à la disparition de cette mémoire. Aujourd’hui les bâtiments sont à l’abandon, s’effondrent et l’urgence de parler cette histoire se fait encore plus pressante.
Lettre à Arandon est une série de 15 photographies réalisées à l'exterieur de l’enceinte des usines Vialle dans la commune d’Arandon en Isère. Ces photographies sont dédiées aux Républicains Espagnols fuyant le fascisme et aux familles juives Allemandes et Autrichiennes fuyant l'antisémitisme, internés ici sur le territoire Nord-Isérois. Il ne reste aujourd'hui plus rien du passages des prisonniers et prisonnières d'Arandon, aucunes traces visibles ou lisibles du passage de ces hommes, ces femmes et ces enfants. Il ne reste personne pour parler de cette terrible histoire et pourtant, ce lieu est continuellement chargé de ces fantômes égarés, nageant dans les tourbillons du Léthé.
J’espère que ces photographies puissent un jour être le point de départ d’un véritable devoir de mémoire du territoire du Nord-Isère, contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie et ce malgré la montée de l'extrême droite en France et particulièrement ici dans le Nord-Isère.